Monsieur Désire ?

Dans l’Angleterre victorienne, Lisbeth, une domestique plutôt discrète, vient d’entrer au service d’Édouard, un noble irritant de suffisance, provocateur et blasé. Habitué à choquer son entourage par le récit de ses frasques, ce jeune dandy découvre en sa nouvelle servante quelqu’un de moins docile et impressionnable qu’il ne le croyait. Face à ses piques, celle-ci reste imperturbable, ne répondant que par un regard empreint de compassion sincère. Entre les deux, malgré leurs disparités sociales, une étrange complicité va naître au gré de joutes verbales plus ou moins intenses. De servante, Lisbeth va devenir confidente, en dépit des règles régissant la maisonnée, provoquant quelques jalousies chez les autres domestiques…

Cette bande dessinée m’a été chaudement recommandée par une collègue, grande amatrice de fictions se déroulant durant l’époque victorienne. Lorsque j’ai constaté que le scénariste était Hubert, je n’ai plus hésité (lisez Les Ogres-Dieux !).

Si les dessins m’ont déroutée au début, j’ai vite été happée par l’histoire. Un mélange de classes sociales n’est pas inédit dans les fictions, mais il faut reconnaître que cela fonctionne toujours (sur moi, en tout cas). Ici, le jeune dandy imbu de sa personne, adepte de tous les vices éprouve un certain plaisir à discuter avec sa soubrette; enfin, plutôt monologuer. Quelle n’est pas sa surprise de ne provoquer chez elle ni malaise, ni frayeur, ni dégoût.

On rêve ces deux-là finissent par s’entendre; car bien évidemment, c’est la demoiselle douce et innocente qui finira en fin de compte par dérouter l’aristocrate pédant. Elle est aux petits soins pour lui, soucieuse de son confort quand il rentre complètement ivre et débraillé de ses virées nocturnes. Mais en voulant bien faire, Lisbeth ne va s’attirer que des ennuis

Ces personnages, aux antipodes l’un de l’autre, sont extrêmement attachants. Ils font apparaître le côté humain de chaque individu, quel que soit son rang. Celui qui possède la richesse n’est pas nécessairement le plus fort et la plus modeste pas la plus démunie. Cette bande dessinée est également l’occasion de constater à nouveau le fossé entre les différentes classes vivant à cette époque; on passe des bals mondains luxueux aux ruelles sombres où se côtoient malfrats et nécessiteux.

J’ai adoré cette bande dessinée. Les traits de Virginie Augustin (que je réalise déjà connaître grâce à 40 éléphants) qui me paraissaient abstraits au départ servent très bien l’histoire et renforce son côté ancien. Certaines planches sont très osées mais sont cohérentes avec les propos des personnages et leur psychologie. On ne se rend plus compte de la vitesse à laquelle les pages défilent.

Comme la plupart des lecteurs, j’ai éprouvé une énorme frustration en lisant la fin, si bien que je n’ai pas su m’intéresser au dossier historique en annexe qui avait pourtant l’air très instructif. Cependant, cela n’a pas entaché le plaisir que j’ai ressenti durant toute ma lecture. C’est le genre de bandes dessinées que je relirai avec envie et nostalgie dans quelques années et que je ne manquerai pas de conseiller entre temps. Ombeline, si tu passes par ce blog, merci pour tes conseils de lecture !

Note :

04

Scénario : Hubert
Dessins : Virginie Augustin
Éditeur : Glénat
Date de parution : 28 septembre 2016
Genre : BD indépendante
Nombre de pages : 96
ISBN : 9782344005804

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