Méduse – Jessie BURTON

Exilée sur une île lointaine après avoir été abusée par des dieux puissants, Méduse a peu de compagnie en dehors de ses sœurs devenues des Gorgones et des serpents qui lui tiennent lieu de chevelure. Hantée par ses souvenirs, elle n’a d’autre choix que se réconcilier avec ce qu’elle est désormais : une créature monstrueuse.
Mais quand le beau Persée arrive dans sa vie, la paix de son existence solitaire vole en éclats, avec l’apparition du désir, de l’amour… et de la trahison.

On ne sait plus où donner de la tête dans la profusion de fictions mythologiques qui sont publiées depuis quelques années. J’aime surtout me concentrer sur celles qui ont fait l’objet de recherches minutieuses en amont et qui parviennent à nous immerger totalement. Le livre dont je vais vous parler en est un bel exemple.

Tout le monde connaît Méduse comme un monstre. Longtemps représentée hideuse, les récits les plus récents en font une femme à la beauté ensorceleuse. Là où tous se rejoignent, c’est sur sa chevelure de serpents et son regard qui change en pierre les mortels qui le croisent. Mais qui s’est un jour intéressé à ses origines ? A-t-elle toujours eu cette apparence ? Jessie Burton s’est inspirée de quelques courts vers d’Ovide pour faire de ce personnage une jeune fille punie par les dieux (comme beaucoup de créatures mythologiques).

Ce roman se passe en huis clos : lorsqu’il démarre, cela fait quatre ans que Méduse vit recluse dans une grotte dressée sur une île isolée. Ses deux sœurs ailées en sortent pour aller chasser mais l’héroïne non. Elle est terrifiée par la réaction des gens devant sa nouvelle apparence. De plus, Athéna a décrété qu’il arriverait malheur à tout homme qui poserait les yeux sur elle. Par conséquent, elle intime à Persée de rester dehors lorsqu’il se présente devant son antre, et c’est ainsi que les deux personnages vont tisser des liens.

« Je voulais qu’il me voie et redoutais qu’il le fasse. »

Chacun se livre, d’abord avec prudence. Méduse revient longuement, à la première personne, sur son passé que ce soit en paroles ou en réflexions intérieures. Elle réfléchit beaucoup sur les Hommes, le destin, la vie et se remet beaucoup en question pour chercher un sens à ce qui lui est arrivé. A ses côtés, nous évoquons des thèmes essentiels dont se sont rarement souciés les auteurs des siècles passés : le harcèlement, le consentement, le viol, etc. La Méduse de Jessie Burton a une destinée profondément injuste. Je me suis beaucoup attachée à elle qui conjugue merveilleusement bien la véracité des récits antiques avec la modernité de la plume de l’autrice. En dialoguant avec Persée, la jeune femme s’autorise à rêver d’amour bien que cela paraisse impossible. Tiraillée entre ses désirs et les ordres divins, cette héroïne me restera longtemps en mémoire.

Les 190 pages de ce livre défilent à une vitesse folle. On a beau savoir ce qui attend les personnages, on reste sous tension en enchaînant les chapitres. J’aime les libertés prisent sur la fin : elles font sens dans le désir de l’autrice de faire de son héroïne une grande figure féministe.

Note :

04

Auteur : Jessie Burton
Editeur : Gallimard Jeunesse
Date de parution : 11 avril 2024
Format : grand format broché
Genre / thématique(s) : mythologie, féminisme
Tranche d’âge : à partir de 13 ans
Nombre de pages : 192
EAN : 9782075179577

Laisser un commentaire