Eva, une jeune vagabonde accompagnée de son chien Jesper, mène une vie de liberté, de solitude et de chapardage. Elle a un jour la bonne surprise de trouver un livre qui va lui bouleverser l’âme. Mais aussi bouleverser sa vie. Car Halfa, un riche suprémaciste, a chargé deux robots Limiers de retrouver les exemplaires de ce livre et d’assassiner son auteur, Weldon, un robot : laisser en circulation pareil ouvrage pourrait bien accréditer la thèse qu’une mécanique peut avoir une âme. Et ça, Halfa, qui craint que les robots ne remplacent les humains, ne le veut pour rien au monde.
Ce tome peut se lire indépendamment du précédent (mais procéder ainsi serait une bêtise!).
Munuera et Beka continuent d’exploiter leur univers : les Américains du XIXe côtoient des robots élaborés dans une ambiance rétro futuriste. Une fois encore, le personnage principal est une jeune fille. Ce n’est pas pour autant que cette bande dessinée peut être conseillée aux enfants car certains passages sont très difficiles émotionnellement parlant. J’ai bien reconnu là la patte de Munuera qui ne ménage jamais son lectorat.
Le rythme est très dynamique, les planches s’enchaînent à grande vitesse. Comme dans le tome 1, je n’ai pas vu le temps passer. Le découpage des vignettes est intelligent et je suis toujours autant fascinée par tout ce qui se dégage des robots alors que la composition de leur visage est très limitée.
J’ai cru déceler un clin d’œil au chef d’œuvre de Ray Bradbury, Fahrenheit 451, dans l’effet possiblement dévastateur que certains personnages accordent aux livres. Halfa, l’homme d’affaires, veut par tout les moyens empêcher la circulation d’un ouvrage qui pourrait bien retourner la tête de ceux qui le lisent.
Ce tome va aussi beaucoup plus loin dans la réflexion philosophique sur la place des robots par rapports aux hommes. Dans ce monde où les robots ont tous une personnalité propre, peuvent-ils être jugés à l’égal de leurs créateurs du point de vue de l’humanité ? De l’intelligence ? Des droits et des devoirs ?
Le parallèle avec le commerce des esclaves venus d’Afrique est flagrant. L’immense propriété de Halfa entourée de champs de coton où s’affairent de nombreux robots est au centre de plusieurs planches. Le point de vue de l’homme d’affaires est on ne peut plus clair : il considère les êtres mécaniques comme des objets, fonctionnels et remplaçables. Eva est entièrement contre cette façon de penser, et ceci va lui attirer les ennuis.
J’aimerais véritablement que cette série, lorsqu’elle sera plus étoffée, devienne un classique de la bande dessinée. Je trouve qu’elle a tout pour : un scénario solide et original, des dessins impeccables et des héros générateurs d’émotions fortes.
Un énorme merci à Babelio et aux éditions Dupuis pour cet envoi !
Note :
Scénario : Beka & Munuera
Dessins : Munuera
Editeur : Dupuis
Date de parution : 2 juin 2023
Genre / thématique(s) : BD tout public (à partir de 12 ans)
Nombre de pages : 72
EAN : 9791034768684
Bulles et chapitres 
Je suis d’accord avec toi, je n’avais pas fait le rapprochement avec Farenheit 451, mais maintenant que tu le dis. C’est fou combien d’interprétation on peut faire de cette bd 😀
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