If we were villains – M. L. RIO

Oliver Marks vient de purger une peine de dix ans de prison pour le meurtre d’un de ses meilleurs amis… un meurtre qu’il n’a peut-être pas commis. Le jour de sa libération, il retrouve le policier qui l’a fait condamner. Le commissaire Colborne prend sa retraite ; mais il veut savoir ce qui s’est réellement passé, dix ans plus tôt.
À l’époque, Oliver poursuit ses études pour devenir comédien dans un conservatoire très réputé. Il remarque bientôt que ses talentueux camarades, avec qui il étudie Shakespeare, semblent jouer le même rôle sur scène et dans la vie : le méchant, le héros, le tyran, la femme fatale… tandis qu’Oliver, lui, a l’impression d’être toujours coincé dans un rôle secondaire.
Mais le théâtre menace d’envahir pour de bon la réalité lorsque les rôles s’inversent et que les relations se pervertissent… jusqu’au jour où l’un des sept amis est retrouvé mort. Les autres se trouvent alors face au plus grand défi de leur vie d’acteur : ils vont devoir convaincre la police – et eux-mêmes – qu’ils n’ont rien à se reprocher…

Passez les portes du conservatoire Dellecher et laissez vous emporter par une atmosphère des plus singulières. Oliver est membre d’un groupe de théâtre où les comédiens ne se défont pas de leur rôle une fois les répétitions finies. Une fois sortis des cours, Richard reste leader, Meredith femme fatale, Alexander méchant, etc. La plupart a une personnalité forte et un incroyable charisme; tout le contraire d’Oliver. Simple et serviable, on se demande ce qu’il fait dans cet univers de faux-semblants. Il est loin d’être le meilleur dans son art et se satisfait d’être abonné aux seconds rôles. C’est très paradoxal quand on sait que pour percer dans le spectacle, il faut se mettre en avant constamment.

Tout au long de cette lecture, j’ai eu la conviction de ne devoir me fier à personne. Les dialogues puent la fausse amitié. Régulièrement, les personnages utilisent des tirades shakespeariennes dans leurs dialogues du quotidien : passion pour le texte ou manque de franchise ? L’ambiance est malsaine à souhait et on en redemande !

« En franchissant ses portes pour la première fois, nous avions rejoint sans le savoir un culte étrange et fanatique, où n’importe quel acte pouvait être justifié tant qu’il avait lieu sur l’autel des Muses. Transe rituelle, extase, sacrifice humain… Avions-nous été ensorcelés ? Lobotomisés ? Peut-être.
– Oliver ? dit Filippa d’un ton plus doux. Tu es prêt ?
Je ne réponds pas. Je n’ai jamais été prêt. »

La disparition tragique d’un des leurs va rapprocher les autres; pour un temps… Je trouve que c’est un roman qui décrit à merveille la complexité des rapports humains. A l’âge des protagonistes, on est convaincu de ne pas pouvoir vivre sans les autres. Pourtant, jamais aucun d’entre eux ne se confie aux autres. Bien que physiquement ensemble, ils doutent et sombrent chacun de leur côté : quête identitaire obsessionnelle, prise de substances, sexe à outrance…

Ma frustration est née sur la fin de l’histoire où je me suis rendue compte que deux élèves ne faisaient finalement que de la figuration dans ce drame (pour ne pas vous spoiler la vérité sur le meurtre, je ne citerai pas leur nom). De plus, je regrette ne pas avoir complètement saisi les motivations d’Oliver. Quant au twist de fin, il semble plutôt sorti d’une pièce de Molière, pour le coup : assez soudain et moyennement convaincant. Il aurait justement fallu que certains personnages soient développés davantage pour que j’y sois sensible.

En temps qu’ancienne élève de classe de théâtre, ce roman a réveillé chez moi pas mal de souvenirs car l’atmosphère des cours est très bien retranscrite. Je suis ravie que cet art qui peine à plaire aux nouvelles générations soit mis à l’honneur ici, même dans un cadre si sombre. De manière générale, la plume de l’autrice est agréable. Je comprends que ce livre ne fasse pas l’unanimité mais il est parfait si vous aimez être bousculés dans vos habitudes de lecture.

Note :


Auteur : M.L. Rio
Editeur : Fibs (disponible aussi chez Hauteville)
Date de parution : 4 octobre 2023
Format : grand format relié ou broché
Genre / thématique(s) : enquête, thriller psychologique
Nombre de pages : 512
Tranche d’âge : à partir de 15 ans
EAN : 9782362317507

Un commentaire sur « If we were villains – M. L. RIO »

Laisser un commentaire