Le voyage de Nathan, petit fossoyeur d’âmes – Frédéric NEVEUR

Dans les ruelles de son petit village de vacances, Nathan voit des choses étranges. Emprisonné dans un monde alternatif bien sombre, il fait la rencontre de Lenka, une jeune fille aux pouces coupés, et Grogoron, un fossoyeur d’âmes bourru au cœur d’or. Dès lors, Nathan va tenter de comprendre pourquoi il est enfermé ici et pourquoi un Négociant, un être monstrueux qui calcule la valeur des âmes, cherche à l’emmener avec lui. En terminant son voyage, Nathan apprend ce qui lui est arrivé dans le monde réel. Une émouvante histoire qui cache une vérité effroyable dont l’amour de ses nouveaux amis parviendra à guérir les blessures.

Merci à Babelio et à Evidence Editions pour leur confiance.

Avant de parler de ma lecture, j’aimerais m’arrêter sur cette maison d’édition que je ne connaissais pas du tout. Elle a pour ambition de faciliter l’accès à la lecture au plus grand nombre. C’est pourquoi elle propose des ouvrages en papier, en numérique, en braille, pour malvoyants et pour dyslexiques (comme ce fut le cas pour le roman que j’ai lu). J’apprécie ce geste et trouvais nécessaire de le mettre en avant.

Le bilan de ma lecture est mitigé. Tout d’abord, j’ai trouvé l’entrée en matière un peu ardue. La plume de l’auteur est très stylisée et, au départ, cumule les termes répétitifs; j’avoue que je ne pouvais plus voir l’expressions « venelles venimeuses » en peinture.

Mais comme s’il m’avait entendu, l’auteur cesse soudainement cet exercice de style pour nous laisser entrevoir son univers très riche et unique. La chasse aux âmes a des règles très strictes et une gradation complexe mais très intéressante. J’ai bien aimé ce système de marchandage, de contrat avec les Négociants. Là où je reste sceptique, c’est qu’en tant que libraire, j’ignore à quelle tranche d’âge conseiller cette histoire. Le fait d’avoir un héros très jeune (10-12 ans) inciterait à faire lire ce texte aux lecteurs du même âge; hors, je trouve que la dimension métaphorique tellement présente que je doute que tout soit compris par les plus jeunes….

« Les rêves sont souvent bizarres. Ils sont le reflet de nos émotions et le miroir de nos âmes. Le songe de Nathan n’avait pas de sens : une boule de plumes noire roulait dans des marais dégoulinants.D’un coup, elle se dégonfla donnant naissance à une petite fille qui croisait les bras. Elle l’invitait à la rejoindre au fond d’un bassin boueux. »

Nathan et ses deux principaux acolytes sont des héros sympathiques (je suis tombée en amour devant la couverture, avec ce contraste entre le petit garçon et l’homme géant de dos). Lenka, de son côté, joue plutôt le rôle du personnage fantasque, sans interdit. Les liens qu’ils tissent tous quasi instantanément sont très touchants, surtout quand on sait la solitude dans laquelle s’enferme Nathan dans le monde réel.

Le récit souffre parfois d’un problème de rythme. Au lieu de nous délivrer toutes les révélations à la fin et d’un seul coup, il aurait peut-être été plus judicieux de les espacer (d’autant que certaines sont limpides). De plus, elles sont parfois très dures et posent encore une fois le problème de la cible éditoriale.

Même si cette chronique est en dent de scie, j’apprécie d’avoir découvert cette maison d’édition.

Note :


Auteur : Frédéric Neveur
Éditeur : Évidence Editions
Date de parution : 19 décembre 2018
Genre / thématique(s) : fantastique
Tranche d’âge : ?
Nombre de pages : 319
ISBN : 9791034809141

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