La porte du non-retour, Tome 1 – Kwame ALEXANDER

Royaume ashanti, 1860.

Kofi vit et rêve au bord de la rivière. Son frère aîné l’avertit cependant de ne jamais s’y attarder après le coucher du soleil. Tu ne connais pas tous les secrets de la rivière. De quoi veux-tu parler ? demande Kofi. Des bêtes.
Une nuit, le monde du jeune garçon bascule. Son destin se fond alors dans l’histoire collective de ceux qui, arrachés à leur terre, à leur famille, à leur culture, sont jetés en esclavage.

J’appréhendais cette lecture car je ne connais rien de l’histoire de l’Afrique et je craignais de m’y perdre. Ce sont les vers libres qui ont finit de me convaincre : je suis très sensible à ce style d’écriture direct et poétique.

Le contexte historique du pays nous est rapidement et clairement expliqué. Les habitants tentent de garder leurs coutumes et dialecte Twi alors que l’Europe étend son influence : pour preuve, le nouveau professeur qui insiste pour que les élèves parlent en anglais (et qui n’hésitent pas à fustiger les récalcitrants). Les termes Twi dans les dialogues sont dosés avec justesse : suffisamment pour créer une ambiance mais par trop pour ne pas compliquer la lecture (il y a un glossaire en fin de roman mais certains termes peuvent se passer de traduction; on en comprend la définition selon le contexte). J’ai aimé aussi connaître la définition des symboles à chaque début de chapitre.

Malgré les différences historiques et géographiques, Kofi est un héros auquel on peut s’identifier. Il a 11 ans, il n’aime pas trop l’école (il préfère aller nager à la rivière seul ou avec son meilleur ami), il a un grand frère protecteur, il est secrètement amoureux d’une fille du village, etc.

« Si tu étais une mangue
je te pèlerais

je te garderais pour moi
avant de t’exhiber

et si tu disparaissais
je te retrouverais

tu serais mon or
que partout je chercherais

si tu étais un secret
je te tairais

entre mes deux lèvres
puis je t’épouserais,

voilà ce que j’aimerais dire
à la fille

qui noue mon estomac
et fait battre mon cœur »

J’était tellement plongée dans la vie simple de Kofi que j’ai été aussi bousculée que lui quand les choses se sont gâtées. Grâce au talent d’écriture de Kwame Alexander (et à la traduction d’Alice Delarbre), j’avais totalement occulté les éléments de l’intrigue dévoilés dans le résumé. La chute est brutale, les malheurs s’enchaînent et les émotions fortes s’accumulent.

L’esclavage, qu’on connaît tous par le biais de nos leçons d’école et divers documentaires, prend ici une tournure encore plus atroce car on connaît intimement l’une des pauvres victimes. On vit avec elle la violente séparation avec sa terre, sa famille et tout son quotidien; rien ne sera jamais plus pareil. C’est une sensation bouleversante et presque frustrante pour la pauvre lectrice que j’étais, témoin impuissante qui sait ce qui les attend tous.

J’ignore si la version définitive comporte cette indication mais il s’agit du premier tome d’une trilogie (je ne l’ai su qu’en lisant le mot qui accompagnait les épreuves non corrigées). Merci à Babelio et à l’éditeur de m’avoir proposé ce livre car je ne me serais pas retournée dessus en le voyant en librairie. Je serais alors passée à côté d’une histoire poignante écrite dans un style fort auquel on ne peut pas rester insensible.

Note :


Auteur : Kwame Alexander
Editeur : Albin Michel
Format : grand format broché
Date de parution : 30 août 2023
Genre / thématique(s) : historique
Tranche d’âge : à partir de 14 ans
Nombre de pages : 456
EAN : 9782226477637

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