Tant pis pour l’amour…

Quand Sophie rencontre Marcus, elle tombe amoureuse en 48 heures. Elle qui doutait de tout, y compris de l’amour, cette fois-ci, elle y croit. Mais rapidement, Marcus se révèle étrange. Sophie commence alors à douter de lui et a besoin de comprendre ce qui ne va pas. Elle ose le confronter à ses mensonges et ses incohérences. Ce dernier a des réactions irrationnelles, trouve des excuses pour tout et parvient à se sortir de chaque impasse.
Mais qui est cet homme ?
Sophie se retrouve entraînée dans une spirale infernale et doit apprendre à se reconstruire seule.
Un témoignage fort sur la relation toxique de l’autrice avec un manipulateur narcissique.

Si les ouvrages sur les personnalités toxiques pullulent dans les rayons de développement personnel, c’est plus rare d’en voir en bande dessinée. Même si je ne me sentais pas particulièrement concernée par le sujet, j’étais curieuse de voir la façon dont il serait traité.

Les premières planches sont rassurantes : l’héroïne va bien et sirote une boisson sur une terrasse en Italie. Le récit de ses amours tourmentées est traité comme un flash back. Outre son format bande dessinée, l’une des particularités de cette oeuvre est qu’elle est autobiographique; cet événement est réellement arrivé à Sophie Lambda, la scénariste et dessinatrice. Ce n’est pas une liste d’éléments théoriques énumérée par quelqu’un qui n’a jamais vécu une relation semblable.

L’idylle entre Marcus et Sophie va crescendo : une rencontre prometteuse, une évidence, les premiers flirts, les surnoms mignons, la relation fusionnelle, le manque lié à l’absence etc. Tout partait pour être LA relation parfaite pour Sophie. Alors quand les premières incohérences sont apparues dans les propos de Marcus, Sophie l’a excusé, ne s’en est pas pas tracassée. Ils étaient amoureux après tout. Puis un jour, lors d’une remarque anodine lancée par la jeune femme, son compagnon est parti en furie, accusant les autres et plus particulièrement elle, d’être contre lui. Ce sera le début d’une très longue série de griefs

On assiste impuissant à la lente descente aux enfers de la jeune femme qui se remet constamment en questions face aux reproches et à l’impulsivité de Marcus. Son moral décline, sa santé aussi. Elle se dit que ça va passer… D’un point de vue extérieur, on a constamment envie de secouer Sophie, de lui ouvrir les yeux et de la sauver de cette relation toxique. Car c’est évident : Marcus lui ment, la manipule sans scrupule. Et le peu de fois où il commence à reconnaître ses torts, c’est pour mieux les renvoyer au visage de Sophie : « j’ai fait ceci à cause de TOI, parce que TU as fait cela… ». Bref, cette histoire de manipulation mentale est véritablement sinistre, et l’aurait été d’avantage sans les interventions régulières du nounours Chocolat qui arrive de temps en temps à créer un petit trait d’humour.

Arrivé à la moitié de la bande dessinée, au paroxysme du harcèlement moral, le récit s’arrête et les explications commencent : qu’est-ce qu’un pervers narcissique ? Leurs agissements sont-ils intentionnels ? Comment choisissent-ils leurs victimes ? Les détails sont à la fois très clairs et très approfondis; outre ce qu’elle a vécu, l’autrice s’est beaucoup documenté et cite toutes ses sources. Le but de tout cela est d’aider à identifier ces manipulateurs, et si on en est victime, à se défaire de leurs liens.

Ce que j’ai retenu de ma lecture est qu’on ne peut pas changer un pervers narcissique. C’est une personnalité qui est dans l’incapacité de se remettre en question; il faut impérativement se tenir à distance d’eux, en particulier si on en a été proche pendant un temps (relation de couple, de travail, etc). Le chemin est long, mais comme Sophie, on peut finir par y arriver.

Comme je le disais en début de chronique, même si je ne me suis pas sentie concernée par le sujet, j’y ai été sensible. Si je doute de me retrouver un jour dans la position de Sophie, je pourrai au moins aider quelqu’un qui le sera. Il y a d’ailleurs plein de documents utiles à la fin de la bande dessinée : des numéros d’urgence (associations, commissariats, services sociaux), un violentomètre qui permet d’évaluer le degré de violence dans son couple et une bibliographie.

Une BD coup de poing, d’utilité publique, qui devrait être lu par le plus grand nombre pour que ce type de harcèlement s’arrête.

Note :

04

Scénario / Dessins : Sophie Lambda
Éditeur : Une case en moins
Date de parution : 25 septembre 2019
Genre : roman graphique
Nombre de pages : 248
ISBN : 9782413019862

2 commentaires sur « Tant pis pour l’amour… »

  1. Cela fait deux fois que je vois passer cette BD autobiographique et si comme toi, je ne suis pas concernée par le sujet, je trouve intéressant et courageux qu’une personne partage son expérience avec un pervers narcissique d’autant qu’en plus de son histoire, il y a l’air d’avoir un vrai travail de recherche..

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