Dear Evan Hansen – Collectif

Le lycée, de base, c’est l’angoisse. Et pour quelqu’un comme Evan, qui souffre d’anxiété sociale, c’est même carrément l’enfer.
Sur les conseils de son psy, il s’écrit des lettres à lui-même. Mais lorsque Connor, la brute du lycée, lui en vole une, la vie d’Evan bascule. Car, quelques heures plus tard, Connor est retrouvé mort avec la lettre sur lui.
Dès lors, tout le monde est persuadé qu’ils étaient meilleurs amis et Evan se retrouve au centre de l’attention du lycée… et de Zoé, la soeur de Connor, qu’il aime en secret. Pour la première fois, Evan se sent compris, apprécié, il se sent exister. Tout ce qu’il a à faire, c’est maintenir l’illusion.

Je ne suis pas à l’aise avec la façon dont le mensonge est traité dans ce roman; Evan a beau être angoissé, complexé, pessimiste, cela ne justifie pas pour moi le fait de se servir de la mort de quelqu’un pour exister. Cela aurait pu être un mensonge par omission (les gens s’imaginent des choses, ils ne les contredit pas, point) mais le jeune homme va beaucoup plus loin : il invente des dialogues, des souvenirs, se met en avant et se fait plaindre… N’y a-t-il que moi qui trouve ça grave ?

Quand ce sentiment a grandi en moi, j’ai poursuivi ma lecture en attendant impatiemment le moment fatidique : celui où les gens découvriraient la vérité et où la sentence tomberait. J’ai été infiniment déçue… Pas plus que chez Evan je n’ai compris l’attitude des personnages secondaires. Ils sont lisses, assez creux, surtout Zoé qui aurait mérité d’avoir un rôle plus déterminant dans cette histoire. Le seul qui a su me surprendre agréablement c’est Jared, l’ami « par défaut » d’Evan.

« Pourquoi a-t-il fait une chose pareille ? Je comprends qu’on puisse être totalement déprimé. Je sais aussi que quand on a le moral à zéro, le moindre truc devient insurmontable et on a l’impression d’être engagé dans un tunnel sinistre sans pouvoir en sortir. Mais si c’était moi, le truc qui a fait tout dérailler ? Si c’était à cause de moi et de ma lettre  que Connor s’était supprimé ? »

Autant le dire, Evan n’aura pas ce cas de conscience très longtemps. Je ne me suis pas attaché à ce héros, bien que le manque de sa mère constamment absente m’ait beaucoup touchée. Je n’ai pas su ressentir sa détresse. Peut-être à cause d’une histoire qui s’éparpille un peu ? La mort de Connor, la romance avec Zoé, les problèmes familiaux… Tous ces sujets sérieux ne sont pas traités jusqu’au bout selon moi; n’aurait-il pas valu se concentrer sur une seule chose ? Même le personnage de Connor, qui devient narrateur après sa mort, n’apporte pas grand chose; sa tentative de justifier son geste n’est pas réellement utile au récit.

Il n’est pas utile que je m’étale d’avantage : vous aurez compris que je n’ai pas aimé ce roman. J’aime pourtant être émue par des héros anxieux, en détresse (sur ce thème, je vous conseille vivement Strong Girls forever de Holly Bourne !). Evan, malheureusement, m’a laissée indifférente.

Note :


Auteurs : Val Emmich, Steven Levenson, Benj Pasek & Justin Paul
Editeur : Bayard
Format : grand format broché
Date de parution : 3 mars 2021
Genre/thématique(s) : vie quotidienne, mal-être
Tranche d’âge : à partir de 14 ans
Nombre de pages : 350
ISBN : 9791036310430

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