Portrait au couteau – Malika FERDJOUKH

Hiver 1910. Tous les jeudis, la jeune danseuse Marie Legay quitte l’Opéra de Paris et s’en va poser pour le peintre Odilon Voret. C’est un grand homme sombre, terrifiant, qui peint au couteau. Elle l’a surnommé « l’Ogre ». Ce jeudi-là, le destin de Marie bascule dans l’effroi…
XXIe siècle. Antonin et Élisabeth, étudiants en art, observent avec stupeur la jeune fille qui pose pour la classe de dessin. Flavie – c’est son nom – porte en effet, au niveau du cœur, des cicatrices étranges, semblables à cinq coups de couteau.
Quelques jours plus tard, au musée d’Orsay, Antonin découvre, stupéfait, fasciné, un tableau signé Odilon Voret. Intitulé « Le cœur déchiré », il représente une jeune fille assassinée de cinq coups de couteau…
Qui est-elle ? A-t-elle un lien avec Flavie ? Et lequel ?

C’est le début d’une dangereuse enquête, une enquête dans les mystères du temps, qui va mener Antonin, Élisabeth et Flavie bien plus loin qu’ils ne l’imaginaient…

Merci aux éditions Bayard et à l’équipe Babelio pour leur confiance; s’il ne m’avait pas été proposé, je n’aurais probablement pas lu ce titre. Le résumé est pourtant terriblement accrocheur (et c’est ce qui m’a convaincue de me lancer) mais, avant cela, il faut adhérer à la couverture. J’avais découvert une première fois les dessins de Clément Oubrerie dans le roman graphique A mains nues et c’est un genre qui lui sied parfaitement. Cependant, je ne pense pas qu’il rencontre son public en littérature jeunesse où l’attirance pour la couverture d’un ouvrage joue un rôle crucial (parole de libraire). Les dessins informatiques lisses, propres et nets remportent aujourd’hui tous les suffrages et l’illustration de Clément Oubrerie n’entre pas dans cette catégorie.

La lecture de ce roman m’aura enfin permis de me frotter à l’univers de Malika Ferdjoukh dont j’entends parler depuis des années. Je suis tombée amoureuse de sa plume dès les premières lignes. Les mots semblent avoir été couchés sur le papier avec une facilité déconcertante : le vocabulaire est fourni, la narration est fluide, il y a beaucoup de références culturelles… En un claquement de doigt, je me suis retrouvée immergée dans les rues de Paris des années 1900.

La première partie de l’histoire pose les bases : nous faisons connaissance avec Marie, Odilon Voret le sinistre peintre et assistons au meurtre perpétré dans son immeuble. La deuxième partie se déroule dans une époque plus moderne et met en scène deux jeunes gens qui, après avoir assisté à d’étranges phénomènes, décident de résoudre cette enquête non élucidée. Antonin a un caractère assez distant compensé par celui d’Elisabeth, maladroite et rigolote malgré elle. Flavie, quant à elle, aurait mérité d’avoir une personnalité un peu plus travaillée. L’histoire était tellement palpitante que j’ai fait abstraction de ces menus défauts chez les héros; là où je m’interroge, c’est sur leur âge. Ce sont tous de jeunes adultes, des étudiants : encore une fois, est-ce judicieux dans un roman destiné aux adolescents (qui très souvent aiment pouvoir s’identifier aux protagonistes) ?

« Antonin aimait à revoir régulièrement certains rouges de Toulouse-Lautrec, certains ocres de Cézanne, une certaine chaise de l’architecte Frank Lloyd Wright dont il ne se lassait pas, et il fallait bien admettre qu’un écran ne restituait jamais la vérité d’un pigment, ni du grain de la toile ou de son éclat, ni des reliefs. Internet traduisait la vie aussi mal qu’une carte postale un paysage réel. »

Des éléments fantastiques sont habilement insérés dans cette enquête qui dépasse l’entendement. Certaines scènes font froid dans le dos ! Si les lecteurs cartésiens risquent d’être frustrés de ne jamais connaître l’origine de ces phénomènes surnaturels, cela n’a pas été un obstacle pour ma part car l’écriture reste perpétuellement focalisée sur l’intrigue de départ : le meurtre de Marie Legay. Moyennement séduite par son issu prévisible, je n’en reste pas moins conquise par le style de Malika Ferdjoukh; c’est toujours ce charme qui prédomine mon ressenti plusieurs jours après avoir terminé ce roman.

Du point de vue d’une simple lectrice, ce roman vaut vraiment le coup d’œil. A travers cette enquête, on déambule dans le Paris mélancolique des artistes. Un régal ! D’un point de vue de libraire, j’aurai du mal à conseiller ce roman aux jeunes lecteurs car le choix de couverture et de personnages pourrait être un frein.

Note :

04

Auteur : Malika Ferdjoukh
Editeur : Bayard
Format : broché
Date de parution : 12 janvier 2022
Genre / thématique(s) : policier, fantastique
Tranche d’âge : à partir de 13 ans
Nombre de pages : 192
EAN : 9791036319341

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